DE LA BANLIEUE À L’ENTREPRENEURIAT
Rien ne prédestinait le fondateur de Dada drinks à lancer une marque de soft drinks. Ce jeune de Nanterre ne doit sa réussite ni à la chance ni à la facilité : « Ma famille m’a transmis sa niaque. Elle m’a appris à envisager les problèmes avec confiance sans me décourager. C’est cette force de caractère qui m’a soutenu tout au long de mon parcours ».
Comme il est l’aîné d’une famille modeste, il n’a pas l’occasion de faire de longues études. Il travaille dès qu’il le peut. Il enchaîne les petits boulots : vendeur au marché, voiturier dans un grand hôtel, bagagiste, livreur. Tout est bon pour gagner un peu d’argent et devenir indépendant.
Il profite de chaque occasion pour se former. C’est par le faire qu’on apprend et qu’on laisse sa marque sur le monde. Ce qu’il apprend, il le met aussitôt en pratique pour progresser.
Sa ténacité, sa détermination (et son audace) payent. Le gérant de la pizzeria qui l’embauche décèle son potentiel. Il lui propose de racheter sa boutique. Mohamed fonce. Il s’endette pour acquérir la pizzéria et pour la moderniser. Il se démène pour atteindre son objectif : redresser le bilan de la boutique.
Sur le tas, il découvre le métier de restaurateur. Il comprend que l’expérience client est essentielle pour fidéliser ses hôtes. Il met donc en place mille et une astuces pour devenir l’une des bonnes adresses de Nanterre.
Pari tenu ! En un an, les dettes sont épongées, les clients affluent, mais le rythme de travail est épuisant. Alors le futur entrepreneur plaque tout. Bien avant internet, le couch surfing et la hype des globe-trotters, il part sur les routes, sac à dos sur l’épaule. Il entame un voyage de plusieurs mois en Australie et en Asie du Sud-Ouest. Pour financer son road trip, il travaille dans des fermes et des restaurants.
En Malaisie, il découvre une boisson locale gazeuse et fruitée qui rafraîchit sa vision des soft drinks. Le paysage français en la matière est extrêmement pauvre. Toujours les mêmes têtes de gondole, les mêmes goûts, les mêmes packagings. Il a aussitôt l’idée de reprendre le concept de cette boisson pétillante en adaptant les saveurs aux préférences locales. Il rentre en France pour mettre son idée à exécution. Il est temps d’innover dans les sodas !
Dada est née, mais tout est encore à construire pour pérenniser le projet.
Nous sommes en 2007, une année sans temps morts. Le responsable élabore d’abord la fameuse canette transparente. Il peaufine le packaging et son logo avec un jeune lycéen féru de design. Ensuite, il s’attèle aux plaquettes et flyers. Là encore, il peut compter sur une amie proche pour l’aider à peaufiner sa communication.
L’entrepreneur fait ensuite le tour des grossistes avec ses amis du quartier pour présenter Dada. La boisson plaît, mais les moyennes et grandes surfaces restent dubitatives. « Vous n’êtes pas de notre monde » murmurent leurs refus.
Qu’à cela ne tienne. Avec ses boissons dans le coffre, lui et ses amis font le tour des restaurateurs et des épiceries de quartier pour se faire connaître. Malgré les remarques, il persévère. Au fil des années, de plus en plus de grossistes et revendeurs misent sur Dada.
En 2009, malheureusement, l’entreprise encaisse un coup dur : Dada a décroché un gros contrat, mais l’infrastructure ne suit pas. Dada est obligée de rétrograder pour repartir sur des bases saines. Son président hésite à stopper la production. Et si l’univers des soft drinks n’était pas fait pour lui ?
En 2011, tout en continuant de fournir dada aux clients fidèles, il se lance dans des projets parallèles : une marque de tiramisu, un nouveau restaurant. Pourtant, rien à faire, Dada continue de lui trotter dans la tête. Il y croit. Le potentiel de la boisson demeure intact.
La rencontre avec le PDG d’Essilor, Xavier Fontanet, lors d’une formation donnée par HEC, lui donne de nouvelles idées, un nouveau souffle. L’entrepreneur revient à son premier amour, bien décidé à percer.
Il tente alors de s’associer à un autre entrepreneur, qui refuse sa proposition. Pire, il lui prédit l’échec. Mohamed y voit un nouveau défi, une nouvelle raison de se battre : « Ils voulaient me décourager, mais cela m’a au contraire poussé à m’accrocher ! ».
Le président de Dada donne un coup de frais à la communication, trouve de nouveaux clients. La marque se reconstruit, se solidifie. Dada investit les réseaux sociaux, s’appuie sur sa communauté de fans, se dote d’une identité visuelle plus marquée, tisse des liens avec des influenceurs.
Les bases assainies, la croissance reprend.
Dada accélère son développement. L’entreprise prévoit d’ouvrir une usine sur le territoire français, de renforcer sa présence en ligne et d’augmenter le nombre de points de vente distributeurs en province. Les boissons Dada côtoient désormais les Coca et autres sodas iconiques dans les rayons des supermarchés et supérettes.